Le projet

Proximité aux habitations

En Suisse il n’y a pas de limitation de distance pour l’implantation d’un parc éolien. C’est l’ordonnance sur la protection contre le bruit (OPB) de 1986 qui fait foi et qui permet à la Confédération d’estimer que 300 mètres de distance sont suffisants. Généralement les promoteurs s’accordent sur 500 mètres de distance aux habitations lors de leurs planifications. Ce qui reste largement insuffisant quand on sait que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une distance minimale de 3 kilomètres entre habitations et grandes éoliennes. En Bavière c’est déjà 2 kilomètres, au Royaume-Uni 1,5 kilomètres. La Suisse ne serait-elle pas à la traine avec sa vieille ordonnance qui date de plus de 30 ans ? Pourquoi ne décide-t-elle pas d’une limite de distance plus élevée ? Tout simplement parce qu’il n’y aurait plus de possibilité d’implantation.

Notre région est campagnarde et relativement peu peuplée. Mais beaucoup d’habitations seraient très proches du site proposé, environ à 500 mètres. Plusieurs bâtiments se situeraient à 300 mètres du périmètre de la zone éolienne. Les villages de Lieffrens, Sommentier, Les Ecasseys, Pré-vers-Siviriez et Bouloz seraient les plus touchés.

 

Lors de sa planification, le service de l’énergie de Fribourg a noté les sites selon différents critères. Notamment celui de la « Distance aux habitations ». Le site Monts de Vuisternens obtient la plus mauvaise note des 7 sites proposés sur le canton de Fribourg. Normal puisqu’il est coincé entre plusieurs villages.

Si vous souhaitez mesurer la distance entre votre maison et la zone du parc, vous pouvez utiliser le portail cartographique du canton de Fribourg. Dans le menu, choisissez : Outil puis Dessiner et mesurer. Dans le petit menu qui s’affiche en haut à gauche, sélectionnez : Ligne.

Vers le portail cartographique

Santé : bruit et infrasons

Lorsque le vent souffle, les éoliennes font du bruit, un « wouf-wouf » répétitif et perturbant selon les riverains du Peuchapatte (Jura). Ce bruit, il faudrait pouvoir le mesurer avant l’installation, mais ça n’est pas possible. C’est lorsque les éoliennes seront implantées que nous nous rendrons compte de la portée du bruit. Ici il n’y aura aucune activité industrielle ou urbaine pour l’absorber, encore moins la nuit.

Les vaudois ont quelques années d’avance sur le canton de Fribourg et nous trouvons chez Paysage Libre Vaud des études très bien documentées :

Développement éolien vaudois et santé publique, juin 2016

5 à 7 de l’éolien « les effets de l’énergie éolienne sur la santé », février 2018

Compléments mis à jour, mai 2020

Les infrasons, volontairement écartés pendant longtemps car inaudibles, seront peut-être enfin pris au sérieux suite à une récente étude publiée par Paysage Libre Suisse.

Paysage Libre Suisse-communiqué aux médias

Etude sur les infrasons

Le paysage

En 2015, une étude « Paysages d’importance cantonale » (PIC) a été menée par la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage dans le canton de Fribourg et a identifié plusieurs unités paysagères qui se distinguent des autres et qui mériteraient d’être protégées.  45 paysages d’importance cantonale ont été identifiés et sont dignes d’intérêt car ils caractérisent notre canton. 2 de ces paysages d’importance cantonale se trouvent dans notre région. L’un est au Flon avec une caractéristique de mosaïques forêt/terres ouvertes, l’autre à Vuisternens avec un habitat dispersé (Plan directeur cantonal-Définition des sites éoliens-Annexe 4). Le projet de parc se trouve donc à l’intersection de deux unités paysagères à protéger.

De plus, l’anthropisation dans la région des Monts de Vuisternens est considérée comme faible, car malgré la présence de l’homme, les paysages sont bien conservés. D’une part parce que la forêt occupe la grande majorité du site, d’autre part parce qu’il n’y a aucune grande construction, aucune infrastructure et aucune route principale. Ce qui veut dire qu’un parc éolien modifierait fortement cette région et se verrait de loin. C’est pour cela que le site Monts de Vuisternens obtient 2 mauvaises notes pour le Paysage-Anthropisation et le Paysage-Typicité dans les critères d’évaluations du Plan directeur cantonal.

La forêt

Pour implanter des éoliennes, il faut ouvrir la forêt. La grue doit pouvoir accéder au chantier et y travailler. Le socle pour la fondation avec ses 2500 tonnes de béton doit être enfoui. Les routes d’accès doivent être modifiées ou crées pour être suffisamment large, environ 6 mètres et permettre le passage d’un convoi spécial qui acheminera les pièces des éoliennes.

Les forêts du Bois de Ban, du Bois de six Ecus, du Bois de Lieffrens, du Bois du Chaney et de la Tossaire seront largement touchées. Or, certaines de ces forêts ont des rôles de protection contre les dangers naturels ou des eaux souterraines. Il existe certainement des sources qu’il faudra protéger. De plus, ces forêts abritent de nombreux sentiers pédestres ainsi qu’un arbre spectaculaire du canton de Fribourg : le Régulier. C’est une zone de détente qui compte pour les amateurs balades en forêt.

Les mesures de vent

Dans le Plan directeur cantonal, le site des Monts de Vuisternens est décrit comme intéressant du point du vue du vent, bien exposé aux vents dominants, avec une vitesse de vent estimée de 5,3 mètres/seconde à 130 mètres et une production nette estimée à 5 GWh/an par éolienne (environ 45GWh/an pour l’ensemble).

Or, quand on creuse un peu dans le rapport d’Ennova (Plan directeur cantonal-Définition des sites éoliens-Annexe 3), il s’avère que la réalité n’est pas si intéressante malgré des mesures parfaitement scientifiques. En effet, Ennova explique avoir utilisé et évalué « plusieurs jeux de données de vent provenant des différents acteurs du développement éolien sur le canton de Fribourg ». Comprenez par là des mesures des promoteurs, Groupe E Greenwatt dans la très large majorité. Nous apprenons dans l’étude, que la plupart des mesures couvraient des périodes très/trop courtes ou que leur taux de disponibilité était parfois trop faible. Ajouté à cela un taux de corrélation entre ces mesures et les données long-terme relativement moyen. Pourtant, le rapport mentionne plus loin : « Ces données, une fois transformées en statistique éolienne ont servi de base pour le calcul de la ressource de vent sur l’ensemble des sites étudiés ». L’estimation de production des parcs découle également de ces mesures. C’est pourquoi la conclusion du rapport d’Ennova révèle que le potentiel énergétique éolien des sites est estimé avec une incertitude de +/- 20 %.

Quand les vitesses de vent sont exagérées, la rentabilité est diminuée, voir ici.

Proche de notre région, un site éolien vaudois était prévu à Chavannes-sur-Moudon. Ce site a été biffé pour manque de vent. Que devons-nous en déduire ?